Le cerveau mélomane: la musique au service de la médecine
Récemment j’ai eu la chance de tomber sur une très belle émission de La Tête au Carré sur France Inter. Le sujet abordé était le conscient et le subconscient en première partie, suivi de la deuxième partie qui traitait du cerveau mélomane. Dans l’émission étaient invités Emmanuel Bigand, Professeur de Psychologie Cognitive à l’Université de Bourgogne et auteur du livre Le Cerveau Mélomane paru aux Editions Belin, ainsi qu’Hervé Platel, Professeur de Neuropsychologie au Laboratoire INSERM U 1077 à l’Université de Caen et co-auteur du même livre.
En tant que mélomane et pianiste, j’ai écouté cette émission avec attention, ce sujet m’a tellement intéressé que j’ai décidé d’acheter le livre et de faire ma propre recherche sur l’utilisation de la musique en médecine.
La musique fait partie de notre culture, de notre histoire et même de notre physiologie, comme vous allez le voir. Elle est un allié précieux en médecine et a un effet bien plus important sur notre développement et notre physiologie qu’on ne le pense.
Pour accompagner la lecture de cet article, je vous propose d’écouter mon compositeur favori, qui vous transportera dans votre imaginaire. Si vous avez l’occasion de mettre un casque audio, faites le, l’expérience n’en sera que meilleure et plus profonde!
L’émission La Tête au Carré
Tout d’abord voici le lien vers l’émission dont j’ai parlé dans l’introduction pour ceux qui voudraient l’écouter.
Pour ceux qui n’ont pas le temps de l’écouter, voici un petit résumé de l’émission
- La musique est antérieure au langage, l’Homme a probablement chanté avant de savoir parler.
- La musique joue un rôle considérable dans le développement du langage et probablement aussi dans le développement de l’intellect.
- La musique agit sur le corps via le cerveau : elle modifie et augmente les connections synaptiques, créé une plasticité cérébrale et augmente la communication entre différentes aires du cerveau.
- En médecine la musique était utilisée initialement par le thérapeute comme moyen pour rentrer en communication avec le patient. Maintenant on parle de « la musique qui soigne » : elle calme la douleur, réduit l’anxiété et apporte des bénéfices cognitifs
- La musique est efficace dans le traitement des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson et dans la rééducation après un AVC.
- La musique contribue également à réhumaniser la relation soignant-patient et à réhumaniser le patient lui-même.
- La musique a un effet différent sur le cerveau d’un musicien que sur le cerveau d’un sujet non musicien. Mais même chez les sujets âgés non musiciens, le cerveau peut se réadapter avec la musique.
Histoire de la musique et de son utilisation en médecine
La musique est très ancienne, plus ancienne encore que l’apparition du langage. On a retrouvé un instrument ressemblant à une flûte, taillée dans un os d’ours, qui date de l’époque de l’Homme de Cro-Magnon et de Neandertal, c’est-à-dire a peu près 40 000 ans. Or le langage serait apparu il y a 35 000 ans. Donc la musique est apparue avant le langage, l’Homme a probablement chanté avant de pouvoir parler. C’est une découverte phénoménale !! On peut le comprendre en regardant nos plus proches cousins les chimpanzés : les bonobos émettent des vocalisations, ressemblants à un chant, notamment lorsque la maman s’occupe de ses enfants. Un peu comme chez les humains n’est-il pas ? La maman chante des comptines à ses enfants pour les rassurer, comme le chante Henri Salvador dans « Une chanson douce ». Dans le règne animal on parle aussi du « chant des baleines » qui leur permet de communiquer entre elles.
On peut aussi en tirer la conclusion que la musique a probablement participé à l’apparition du langage, comme on le verra plus tard. Ce lien entre musique et langage a une corrélation anatomique et physiologique.
Pour ce qui concerne l’usage « médical » de la médecine, certains historiens et chercheurs supposent que l’utilisation de la musique sous forme de tambours, chants, et danses est la première forme de religion qui est apparue sur notre Terre et elle servait à invoquer un sentiment de « désindividualisation ».
L’exemple le plus ancien de l’utilisation de la musique dans un contexte médical est une représentation de prêtres jouant de la harpe et de musiciens dans des fresques datant de 4000 av J.C. A cette époque un Codex haburami était joué en tant que remboursement pour des services médicaux rendus.
En 2000 av J.C les Assyriens décrivent l’utilisation de la musique pour contourner le passage d’esprits maléfiques.
Plus tard en Grèce, Asclépios recommandait l’usage de la musique pour conquérir la passion. Ce n’est qu’à partir du 5e et 6e siècle avant J.C. qu’on essaya de comprendre l’effet de la musique sur les êtres humains. Les Pythagoriciens étaient les premiers à décrire les relations mathématiques gouvernant l’utilisation des tons musicaux ; en plus d’avoir créer l’astronomie et les mathématiques, ils créèrent la théorie des harmonies.
Par la suite le philosophe grec Platon repris les travaux des Pythagoriciens et défini le système modal, qui a été très influent dans le développement de la musique occidentale. Il y avait 3 modes qui étaient utilisés en musique, chaque mode avait des propriétés et une utilisation précises : le mode dorien, le mode lydien et le mode phrygien. Ce dernier mode était utilisé pour donner un sentiment de paix et de sérénité. Chacun de ces modes étaient divisés en 2-3 sous-groupes, chacun correspondants à une gamme. Platon était persuadé que la musique pouvait résoudre la dichotomie de l’âme et du corps, il écrivit dans La République : « La musique est souveraine parce que le rythme et l’harmonie trouvent leur chemin jusqu’au plus profond de l’âme et en prennent possession, apportant la grâce à celui qui est entraîné ».
Aristote était aussi intéressé par la musique, mais moins par esthétisme que par sa faculté à être cathartique. Il pensait que la musique permettait de se libérer de sentiments tels que la pitié, la peur ou l’enthousiasme et que la musique mystique permettait de soigner et de purifier l’âme. (À noter que le mot enthousiasme a une connotation mystique : én Theos veut dire « avoir un dieu en soi »).
Ces 2 philosophes avaient chacun leur vision de la musique, l’un l’utilisait pour développer la psyché, l’autre l’utilisation pour purifier l’esprit, mais tous les deux croyaient au pouvoir de guérison de la musique.
Au Moyen-Age la musique continua à être utilisée à des fins médicinales : les patients atteints de chorée devaient danser pendant des heures, on pensait que la danse pouvait les guérir. En Italie, la danse la Tarentelle était utilisée pour guérir les piqûres de tarentules ! La loi obligeait ceux qui entreprenaient des études médicales à jouer un instrument de musique. On pensait que guérir l’esprit par la musique permettait aussi de guérir le corps. Par exemple les chants alternatifs de la flûte et de la harpe étaient utilisés comme remède pour la goutte.
Jusqu’alors, l’effet guérisseur de la musique était attribué à un effet magique et mystique. Ce n’est que vers la fin du 19e siècle qu’on s’intéressa à l’acoustique et à la physiologie de l’audition. C’est le chirurgie allemand C.A.T Billroth qui essaya pour la première fois d’établir un lien entre la musique et la physiologie et anatomie du cerveau. En 1899 le Lancet publia un article de J.T.R Davison, intitulé « Music in Medicine » qui fut le premier à traiter de l’utilisation de la musique en médecine. En 1914 O’Neil Kane publia un article dans le JAMA ou il décrivit l’utilisation d’un phonographe au bloc opératoire et en salle de réveil comme moyen de réduire la consommation d’analgésique et de réduire l’anxiété des patients subissant « les horreurs de la chirurgie ». En 1918, Hyde et Scalapino découvrirent que l’utilisation de tons mineurs (les tons mineurs sont souvent employés dans les mélodies mélancoliques) permettait de réduire la fréquence cardiaque et la pression artérielle, alors qu’une musique stridente provoquait l’effet inverse.
Récemment, la musicothérapie a été remise au goût du jour avec de nombreuses publications, certaines avec une méthodologie questionnable, mais d’autres plus récentes avec une méthodologie beaucoup plus stricte et claire.
Avant de vous parler de l’utilité de la musicothérapie dans le contexte du bloc opératoire et de la réanimation, j’aimerai faire un bref rappel d’anatomie et de physiologie, ainsi que vous parler de l’efficacité prouvée de la musicothérapie dans les maladies neurodégénératives.
Anatomie de l’intégration du signal sonore et de son traitement
La musique est traitée par les structures de l’oreille : les vibrations résonnent sur le tympan, qui est relié à la cochlée par trois petits os : le marteau, l’étrier et l’enclume. Ceux-ci font vibrer le liquide qui remplit la cochlée. Chaque vibration est caractérisée par sa fréquence et son intensité. Sous l’effet de ces vibrations, la membrane basilaire qui tapisse l’intérieur de la cochlée se déforme. Or celle-ci porte des cellules ciliées qui bougent et transforment les vibrations en signal électrique, circulant dans le nerf auditif. Une organisation tonotopique a été décrite au sein du nerf auditif, ressemblant à l’organisation somatotopique des régions corticales. Ce signal se dirige vers le cortex cérébral en passant d’abord par le noyau cochléaire (situé au niveau du tronc cérébral), le complexe olivaire (ou les informations reçues des deux oreilles sont comparées), le noyau du lemniscus latéral, le colliculus inférieur et le corps genouillé médian du thalamus. Comme certaines fibres issues de chaque oreille croisent la ligne médiane, chaque aire auditive reçoit les signaux des deux oreilles. Une fois que ce message a été intégré et modifié par ces différentes structures, interviennent plusieurs parties du cerveau qui sont impliquées dans la mémoire, les émotions, les mouvements et d’autres modalités sensorielles : écouter un son implique le noyau cochléaire, le tronc cérébral et le cervelet. Ecouter une musique familière implique les régions impliqués dans la mémoire, que sont le cortex frontal et l’hippocampe. Battre la mesure implique un mouvement et une synchronisation temporelle et implique donc le cervelet, le cortex moteur et le cortex frontal.
On voit donc que le fait d’écouter de la musique implique pleins de régions cérébrales différentes, contrairement au langage qui implique une seule région cérébrale.
Que l’on imagine une musique ou qu’on l’entende dans le cerveau, les mêmes zones s’activent en neuroimagerie. Ainsi Beethoven qui était sourd, entendait parfaitement la musique qu’il composait.
On a aussi remarqué que la musique n’impliquait pas les deux hémisphères cérébraux de la même manière selon qu’on soit musicien ou non : la musique active l’hémisphère droit (celui qui est considéré comme la partie « intuitive » du cerveau) chez les non musiciens, alors que chez les musiciens, la musique active également l’hémisphère gauche (la partie « rationnelle » du cerveau). L’hémisphère droit analyse le timbre et la mélodie, alors que l’hémisphère gauche analyse les aspects plus « mathématiques » tels que le rythme, la tonalité et la syntaxe.
Développement du cerveau et musique
La musique augmente les connections synaptiques et créé une plasticité cérébrale. Une étude animale récente montre que si on fait écouter de la musique à des œufs de poules, les poussins qui naissent de ces œufs ont plus de neurones dans certaines régions du cerveau, notamment l’hippocampe, ont un taux de myéline plus important ainsi que des capacités d’apprentissage améliorées. Ceci est un effet musical, car si on leur fait écouter des sons aléatoires, on ne retrouve pas ces effets.
On a aussi montré que chez les jeunes musiciens, on trouve une quantité augmentée de neurones dans l’hippocampe, impliqué dans la mémoire, en comparaison avec des sujets témoins. Par ailleurs chez des musiciens au repos, on a trouvé que certaines zones communiquent plus entre elles que chez des sujets non musiciens. Une autre étude a montré qu’en effet, le corps calleux, zone de communication entre les deux hémisphères cérébraux, était plus développé chez les musiciens.
En 1993, Rauscher et al. publient un article dans Nature dans lequel ils rapportent que l’écoute de dix minutes de la sonate pour deux pianos en ré majeur de Mozart entraînait une augmentation des performances intellectuelles dans des tâches de raisonnement spatial servant à évaluer le quotient intellectuel. Bien que faible, cette augmentation était statistiquement significative. C’est uniquement parce que cette étude était publiée dans un journal comme Nature qu’elle fût prise au sérieux et qu’elle engendra ce qu’on appelle « l’effet Mozart » : de nombreux parents achetèrent le coffret de CD de musique prénatale de Mozart et le gouverneur de Géorgie était tellement convaincu de la réalité de cet effet, qu’il finança l’acquisition d’un kit de musique pour tous les enfants nés dans son état. Cependant, comme tout en médecine, une étude mérite d’être confirmée par une autre etc… et d’autres personnes plus raisonnées se méfièrent de ces résultats. Cet effet existe bien, mais sous certaines conditions. Pour en savoir plus, il faut acheter le livre 😉 (je précise que je n’ai pas « de conflits d’interêt » comme on dit, c’est plutôt que je ne peux pas vous dévoiler tout le livre!!)
La musique qui soigne
Maintenant, de nombreuses études montrent que la musicothérapie est un atout efficace pour le traitement des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer. Elle s’est montrée également efficace pour la rééducation de patients victimes d’AVC.
- Rééducation après AVC
Les cliniciens ont observé depuis longtemps que certains patients victimes d’un AVC ont des difficultés pour prononcer des mots, par contre ils parviennent à chanter correctement. De même ils avaient observé dans les années 1940, que des personnes atteintes de la maladie de Parkinson parviennent à se déplacer plus facilement si on diffuse une musique rythmée. Enfin, on sait aussi que les patients qui sont à un stade avancé de la maladie d’Alzheimer parviennent encore à chanter.
En 2004, Teppo Särkämö et ses collègues du Centre de recherche sur le cerveau à Helsinki en Finlande, ont montré pour la première fois qu’écouter régulièrement de la musique aide les personnes victimes d’un AVC à récupérer un fonctionnement émotionnel et cognitif normal. Ils ont pris trois groupes de patients victimes d’AVC : un groupe « musique » qui écoutait au moins 1h par jour leur musique préférée à l’hôpital et le groupe « langage » qui écoutait des livres audios. Le troisième groupe était le groupe témoin. Chez les sujets du groupe « musique », la mémoire verbale était notablement supérieure à celle du groupe « langage » et du groupe témoin. Leur capacité d’attention était aussi meilleure. Par ailleurs ils présentaient moins de signes de dépression et de confusion. Ces effets persistaient au moins 6 mois après l’expérience.
En 1973 des neuroscientifiques américains, M. Albert et N. Sparks ont mis au point une méthode permettant à des patients aphasiques de reparler après un AVC. Leur méthode, la thérapie mélodique et rythmée est fondée sur la musique : les patients parviennent à prononcer correctement les mots en s’aidant de la musique et du rythme. Le patient apprend d’abord à écouter et à reproduire les rythmes puis il fredonne les mélodies (ce qu’il sait faire malgré son aphasie). Les mélodies sont constituées de notes alternativement graves et aigues et varient en longueur et en complexité. Le patient doit frapper sur la table à chaque note pour marquer le rythme. Quand le sujet a assimilé les exercices non verbaux, le thérapeute introduit des mots. En évaluant les effets de cette thérapie grâce à l’IRM de diffusion, le neurobiologiste Gottfried Schlaug a pu observer que le nombre de fibres nerveuses dans le faisceau arqué (ensemble d’axone reliant l’aire de Broca, impliquée dans la production de la parole, à l’aire de Wernicke, impliquée dans la compréhension de la parole) augmente au bout de 4 mois de traitement. Cet effet est attribué à la plasticité cérébrale. Elle induirait une augmentation de la gaine de myéline et une croissance des axones. Le faisceau arqué reliant les aires de production de la parole aux aires de compréhension de la parole, semble donc important dans la récupération du langage.
Pour preuve de l’indépendance des circuits du langage et de la musique, le compositeur russe V.Y. Shebalin (1902-1963) continua de composer de la musique,finissant sa 5e symphonie, après avoir été victime d’un AVC hémisphérique gauche provoquant une hémiplégie et une aphasie sévère.
- Amélioration de la marche chez les patients Parkinsoniens
Chez les malades parkinsoniens, une méthode a fait ses preuves, c’est la méthode d’indiçage auditif : on fait entendre au sujet des stimuli rythmiques pendant qu’il marche. Quand on choisit correctement la fréquence de ces sons ou le tempo de la musique, on constate que le sujet synchronise son mouvement. On note des améliorations notables sur la vitesse de marche, la longueur de l’enjambée. La marche est plus naturelle, plus régulière.
La dimension rythmique de la musique est très importante, c’est le rythme qui vous fait taper du pied et vous engage corporellement. La musique stimule la motricité et aide les patients parkinsoniens à améliorer leur marche et leur coordination. La musique c’est de la dopamine auditive !! La danse, notamment le tango est aujourd’hui utilisé avec succès pour améliorer la motricité de ces patients.
- Stimulation de la mémoire et des émotions chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer
« Comment Mozart, âgé de 14 ans, a pu retranscrire intégralement le Miserere d’Allegri, une œuvre pour deux chœurs d’une durée de 15 minutes, après l’avoir entendue à la Chapelle Sixtine ? S’agit-il d’une transmission héréditaire d’une aptitude musicale ou est-ce le résultat d’un environnement exceptionnellement favorable. Sans nier les compétences extraordinaires de Mozart, on ne peut pas minimiser l’apprentissage dont il bénéficia dès le plus jeune âge. Si n’est pas Mozart qui veut, il n’en reste pas moins que le cerveau des musiciens virtuoses se distingue par un fonctionnement particulier. Quant au « commun des mortels » qu’il se rassure, il a lui aussi un cerveau musical capable de s’améliorer par l’entrainement, afin de développer plusieurs compétences dont la mémoire. » extrait du livre Le Cerveau Mélomane.
La musique pourrait réactiver la plasticité du cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans une maison de retraite spécialisée dans la maladie d’Alzheimer, se situant près de Caen, des ateliers de chants ont été mise en place pour les patients institutionnalisés. On leur fait apprendre des chansons totalement inconnues. Les patients ne sont pas capables de mémoriser le texte, mais ils sont capables de mémoriser la mélodie de chant. Cette expérience montre qu’il y a encore une capacité d’apprentissage chez ces patients souffrant de maladie d’Alzheimer. Par ailleurs la musique a aussi provoqué chez ces patients un éveil émotionnel. Ces patients présentaient d’ailleurs moins d’épisodes de dépression et de troubles du comportement.
Cet effet est liée au circuit de récompense : lorsqu’on entend un morceau de musique qui nous plaît, notre cerveau se met à sécréter de la sérotonine, des endorphines et de la dopamine, rendant ainsi compte des effets antidépresseurs et antalgiques de la musique.

Documentaire sur les vertus thérapeutiques de la musique dans la Maladie d’Alzheimer.
Ecrit et dirigé par Michael Rossato-Bennett qui a gagné le prix de l’audience au festival Sundance 2014
Selon une étude menée aux Pays-Bas, pratiquer une activité musicale deux heures par jour aurait des effets équivalents à une pratique sportive sur la santé : diminution de la pression artérielle et du rythme cardiaque. D’autres études ont révélé que les activités de loisirs comme la musique, la danse ou la lecture, pourraient limiter le risque de développer une démence chez le sujet âgé.
Cette géographie détaillée du cerveau musicien et ces expériences ont mis en lumière le fait que les mémoires musicales et du langage engagent des réseaux partiellement indépendants et que la mémoire musicale active plus de zones cérébrales et est plus archaïque que la mémoire du langage. Ceci explique que les maladies neurodégénératives atteignent plus sévèrement le réseau du langage qui est spécifique, plutôt que le réseau cérébral impliqué dans la musique qui est plus diffus et plus ancien (= plus « profondément ancré dans le cerveau ». La stimulation de ces zones par la musicothérapie pourrait participer à la stimulation des zones du langage, on réapprendrait à parler avec la musique, comme nos ancêtres ont appris à parler en chantant.
Musique, relaxation et réduction du stress
Herbert von Karajan, un des chefs d’orchestre les plus illustres de l’histoire, a été observé en télémétrie pendant qu’il dirigeait L’Ouverture « Leonore N°3 » de Beethoven. Sa fréquence cardiaque était doublée pendant les passages les plus intenses, indépendamment de l’intensité de son implication physique. La même observation était faite, lorsqu’il était juste en train de l’écouter au repos. Il était aussi observé par télémétrie pendant qu’il pilotait son avion : on observa que quelques variations de la fréquence cardiaque. On peut donc voir que la musique a une action directe sur notre physiologie, sur notre fréquence cardiaque et tout ça, indépendamment de toute activité physique. Dans une autre étude, on faisait écouter à 12 choristes et à 12 témoins non musiciens, plusieurs morceaux de musiques classiques dans un ordre aléatoire, avec des périodes de silence intercalées de manière aléatoire. On trouva qu’à presque chaque phase de crescendo il y avait une vasoconstriction cutanée associés à une tachycardie et une hypertension artérielle. On observa aussi que des phases de musique à un rythme spécifique de 6-7 cycles/minutes, comme dans l’Aria de Verdi, étaient parfaitement synchronisées avec la fréquence cardiaque des sujets.
La musique a donc le pouvoir de moduler l’activité de notre système sympathique et a probablement un effet sur l’axe hypothalamo-hypophysaire et sur la contre-régulation des hormones de stress.
Dans une étude réalisée à Montréal sur 24 étudiants, on a montré que la musique permettait de diminuer la réponse au stress : ces 24 étudiants ont été mis en situation de stress, ils devaient préparer un entretien d’embauche en 10 min, ou ils devaient parler pendant 5min. 1 minute avant la fin on leur retirait leurs notes et les examinateurs leurs posaient pleins de questions. Ils étaient en plus filmés. Par la suite, la moitié de ces étudiants allait se reposer au calme, tandis que l’autre moitié allait se reposer en écoutant des morceaux classiques de Mozart. Au bout de 15 min on mesurait le cortisol salivaire : chez les étudiants qui se reposaient au calme, le cortisol salivaire continuait de grimper par rapport au contrôle (avant l’interview) tandis que chez ceux écoutant Mozart, le cortisol salivaire diminuait significativement. Même chez les élèves qui n’appréciaient pas vraiment ce type de musique, cet effet était visible. Est-ce dû à Mozart ou est-ce un effet musical plus général ? On suppose que le fait d’écouter des musiques caractérisées par leur harmonie, leur lenteur de tempo et leur régularité a un effet relaxant, comparé à des musiques dissonantes, comme la techno. On peut aussi supposer que le traitement émotionnel implique plusieurs structures cérébrales interagissant avec l’amygdale pour réduire le stress, c’est une sorte de « circuit de l’apaisement ».
La musique au bloc opératoire et en réanimation
- La musique comme sédatif et analgésique
Plusieurs études ont montrés que la musicothérapie en pré, per et postopératoire permettait une réduction significative de l’anxiété, des besoins en sédation et des besoins en antalgiques. La majorité des études n’ont pas une qualité méthodologique irréprochable, mais on peut quand même citer cette étude parue dans Anesthesiology en 1998 qui montrait une réduction des besoins en propofol pendant et après chirurgie urologique et une réduction des besoins antalgiques en alfentanil dans le traitement des lithiases rénales. Une autre étude de Good et al. montrait même une réduction de la consommation morphinique de 30% après chirurgie gynécologique.
Par ailleurs, cet effet n’était que probant chez des patients sous ALR ou légèrement sédatés. La musicothérapie n’avait par contre aucun effet sur la consommation en Sévoflurane si elle était administrée à des patients sous anesthésie générale.
Les études les plus robustes concernent l’univers de la réanimation : Jaber et al. publient en 2007 une étude étudiant l’effet d’une musicothérapie suivie ou précédée d’une période de repos chez 30 patients intubés et non intubés. Ils montrent que dans les phases ou les patients écoutaient de la musique, on notait une réduction significative de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, de la fréquence respiratoire, du RASS, du BIS et de l’ENA.
La même année paraît dans Critical Care Med une étude très bien menée, ou les auteurs ont réalisé des dosages sériques chez des patients de réanimation écoutant certains mouvements lents des sonates pour piano de Mozart. Ils ont trouvés une réduction significative du taux sérique d’Interleukine 6 (-20%) et d’adrénaline (-50%), ainsi qu’une augmentation significative du taux sérique d’hormone de croissance (+50%). Ils ont également noté une réduction de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle. Ceci confirme l’hypothèse physiologique précédemment évoquée, que la musique a un effet sur le rétrocontrôle des hormones de stress surrénaliennes et sur l’axe hypothalamo-hypophysaire. Elle a même une action immunomodulatrice (réduction du taux sérique d’IL 6). On peut supposer que le choix de la musique y est pour quelque chose : comme on a vu plus haut, une musique lente et régulière est particulièrement efficace dans la régulation du stress.
- La musique aussi bien pour les patients que pour les médecins
Une étude de 1998 s’était intéressée aux préférences des patients : on leur demandait s’ils préféraient attendre d’être opéré en se reposant, en lisant, en discutant avec d’autres patients ou en écoutant de la musique. 57% des patients préféraient la musique.
La musique n’est pas que bénéfique pour les patients, elle peut l’être également pour les chirurgiens. Une étude parue dans le JAMA en 1994 étudiait l’effet de la musique sur les chirurgiens : ils étaient moins sujets au stress et à l’hyperactivité du système nerveux autonome et ils avaient une vitesse et une précision améliorées dans leurs gestes pour des tâches complexes non chirurgicales réalisées en laboratoire.
Donc la prochaine fois que vous mettez les pieds au bloc, proposer au chirurgien de le chouchouter en lui mettant un bon vieux rock !
Conclusion
La musique a des pouvoirs insoupçonnés sur notre cerveau et sur notre corps. Elle est une aide précieuse dans la prise en charge des patients atteints de maladies neurodégénératives et d’AVC, et elle peut être un allié thérapeutique pour optimiser la sédation, le confort et l’analgésie de nos patients, aussi bien au bloc opératoire qu’en réanimation. Il serait intéressant d’étudier son effet sur l’incidence du délirium en réanimation. Une étude a déjà montré qu’elle permettait peut être de réduire l’incidence de confusion et de délirium après chirurgie de hanche et de genou, mais cette étude comporte d’importants biais méthodologiques et d’autres études sont nécessaires pour confirmer les résultats.
Il semble que le choix de la musique a une importance : on n’est pas obligé d’écouter de la musique classique, mais il faut que la musique soit harmonieuse avec un tempo régulier et plutôt lent. Le plus important finalement est qu’il faut que ce soit une musique qui nous plaise et qu’on ait choisi. C’est pourquoi certains centres proposent maintenant des playlists aux patients avant leur intervention. On peut aller même plus loin en proposant que les patients viennent à la consultation d’anesthésie avec une liste de leurs musiques favorites.
D’autre part, il est également important de bénéficier d’un casque audio (et non d’écouteurs simples) Ceci pour permettre à la fois la réduction du bruit environnant, la transmission optimale des vibrations des notes et l’immersion totale dans la musique. Vous en avez déjà peut être fait l’expérience de « redécouvrir » une chanson que vous aimiez bien après l’avoir écouté pour la première fois avec un casque.
Le casque est aussi important si l’on veut utiliser une musique suggestive avec des « binaural beats » (je ne sais pas comment le traduire). Comme on l’a vu, les sons sont intégrés et transmis par le nerf auditif. Lorsque le signal arrive au niveau du complexe olivaire, les données des deux oreilles sont comparées. A ce niveau si la fréquence du son diffère entre les deux oreilles (exemple : l’oreille gauche reçoit un son à 400Hz alors que l’oreille droite reçoit un son à 410Hz) il y a alors une différence de 10 Hz ce qui produit une « onde sonore modulatrice » qui va pouvoir altérer le niveau de conscience. En enregistrement EEG il y a alors 4 ondes différentes : les ondes béta qui ont une fréquence de 14-100Hz et sont associées à un état réveillé, concentré, alerte ; les ondes delta (0,1-4Hz sont associées à un sommeil profond ; les ondes thêta (4-8Hz) sont associées au sommeil paradoxal et à la méditation et enfin les ondes alpha (8-13Hz) sont associées à la relaxation. Ce concept de « binaural beats » est utilisé en relaxation et en méditation. Il m’arrive encore de les écouter de temps en temps, surtout en période de stress ou lorsque j’ai besoin d’être très efficace ou très concentré et, effet placebo ou pas, je peux dire que ça marche pas mal !! (cf ce site )
Une dernière phrase pour conclure cet article : qu’on croit ou pas au pouvoir de la musicothérapie comme allié thérapeutique en médecine, la musique est un très bon moyen de « réhumaniser la relation soignant-patient et de réhumaniser le patient lui-même », comme le disent Emmanuel Bigand et Hervé Platel. C’est peut être l’élément le plus important à retenir de cet exposé sur la musicothérapie, la musique permet de réconforter et rassurer le patient, qui se retrouve peut être trop souvent « désindividualisé » dans ce monde froid et solitaire que représente l’hôpital pour eux. Ça ne coûte rien de leur proposer d’écouter leur musique favorite s’ils le souhaitent, d’autant plus que ça peut autant faire de bien au patient qu’au soignant !! Et la relation soignant-patient n’en sera que plus humaine et plus personnalisée.
Alors mettez de la couleur et de l’ambiance dans vos blocs et vos réanimations !!!!
Pour ceux qui sont intéressés par le livre Le Cerveau Mélomane, voici ce qu’ils vont pouvoir y trouver (en plus de ce que j’ai déjà écrit)
- Comment la musique développe le cerveau chez le musicien et chez le non musicien
- Comment la musique influence nos émotions
- L’arnaque de l’ « effet Mozart »
- L’effet château Lafitte ou comment la musique peut nous manipuler
- La musique et la plasticité cérébrale
- La mémoire musicale
- La musique qui soigne
- La musique des mots
- L’amusie ou le handicap musical
- Entendre dans un monde virtuel
- La musique contemporaine : un défi pour le cerveau
- Et pleins d’autres choses …. !!!
Et voici ma playlist que je choisirai si je devais me faire opérer:
- Hard Sun de Indio , musique reprise par Eddie Vedder pour le film Into the Wild
- Orange Sky de Alexi Murdoch du film Away We Go
- Something Beautiful by Alexi Murdoch
- Guaranteed de Eddie Vedder du film Into the Wild, mon film préféré par dessus tout!
- Una Mattina de Ludovico Einaudi (mon compositeur préféré depuis un ptit bout de temps)
- Divenire de Ludovico Einaudi (c’est lui qui a fait la musique « Fly » d’Intouchables)
- Claire de Lune de Debussy
- Rivers Flows in You de Yiruma (pianiste coréen qui joue des mélodies magnifiques)
- Nocturne en mi bémol majeur Op 9 de Chopin …..en fait toute l’intégrale de Chopin!
- Rhapsodie Hongroise n°2 de Liszt
- Prelude en sol mineur Op 23 N°5 de Rachmaninov ….mon Graal au Piano
Et vous, quel serait votre playlist favorite?? Mettez le moi dans les commentaires!!
Bibliographie
- Le Cerveau Mélomane , Emmanuel Bigand, Ed Belin
- From music-beat to heart-beat: A journey in the complex interactions between music, brain and heart. G Cervellin , G Lippi, European Journal of Internal Medicine 2011 ; 22
- Music for Healing: from Magic to Medicine. Claudius Conrad . Lancet 2010 ; 376
- La musicothérapie : une thérapeutique innovante dans la gestion et la prévention de la douleur et de l’anxiété en anesthésie-réanimation. SFAR 2010 , Vigilance n° 22
- Conrad C. , Niess H. Overture for growth hormone, requiem for interleukin-6? Crit Care Med 2007; 35: 2709–13
- Nilsson U et al.Analgesia following music and therapeutic suggestions in the PACU in ambulatory surgery; a randomized controlled trial. Acta Anesthesiol Scand 2003
- Chian LL et al. Effects of patient-directed music intervention on anxiety and sedative exposure in critically ill patients receiving mechanical ventilatory support: a randomized clinical trial . JAMA 2013 ; 309 ; 22
- Nilsson U et al. Improved recovery after music and therapeutic suggestions during general anaesthesia: a double-blind randomised controlled trial. Acta Anesthesiol Scand 2001
- Szmuk P. et al. Listening to music during anesthesia does not reduce the sevoflurane concentration needed to maintain a constant bispectral index. Anesth Analg 2008 ; 107
- Lepage C et al. Music decreases sedative requirements during spinal anesthesia. Anesth Analg 2001 ; 93
- Good M, Anderson GC, Stanton-Hicks M et al. Relaxation and music reduce pain after gynecologic surgery. Pain Manag Nurs 2002 ; 3 : 61-70
- Koch ME, Kain ZN, Ayoub C, Rosenbaun SH. The sedative and analgesic sparing effect of music. Anesthesiology 1998 ; 89 : 300-306
- Hyde R, Bryden F, Asbury AJ. How would patients prefer to spend the waiting time before their operation ? Anaesthesia 1998 ; 53 : 192-205
- Jaber S. et al. Effects of music therapy in intensive care unit without sedation in weaning patients versus non-ventilated patients AFAR 2007
- Allen. Effects of music on cardiovascual reaction among surgeons. JAMA 1994 ; 272
- W. Zhang et al. Effects of music on target-controlled infusion of propofol requirements during combined spinal-epidural anaesthesia. Anaesthesia 2005 ; 60
- Padmanabhan et al. A prospective, randomised, controlled study examining binaural beat audio and pre-operative anxiety in patients undergoing general anaesthesia for day case surgery. Anaesthesia 2005 ; 60
- McCaffrey. The effect of music listening on acute confusion and delirium in elders undergoing elective hip and knee surgery. Journal of Clinical Nursing
Super, merci pour ce bel article!
je voulais un complément de « physiologie musicale » à mon approche psychanalytique (la musicalité du « mamanais » (la façon de s’adresser au bébé) dans les interactions précoces – la voix morne d’un parent dépressif peut rendre l’accordage affectif parent-bébé très compliqué voire impossible – ce qui peut avoir de graves conséquences pour la capacité de communiquer de l’enfant.
Merci à vous, bonne continuation
Alice Médigue
Bonjour
Tres interessee par votre recherche. Je suis orthophoniste et musicothérapeute et j’utilise mes deux compétences dans un joyeux mélange qui s’accorde à merveille.
J’ai créé un groupe sur Facebook orthophonie, musique et musicothérapie si cela vous intéresse qui se veut un partage de ressources et d’expérience.
Merci pour la merveilleuse bande musicale. J’adore le piano que je tente de jouer depuis 20111 ( j’ai 58 ans !!!!) mon instrument c’est la voix.
Musicalement votre
Martine Bloch
Salut Edvard,
Je te confirme, les anastomoses coronaires sont bien plus agréables en écoutant Einaudi – Una Mattina, Nuvole Bianche, Due tramonti etc… 🙂
La prochaine fois je m’en occupe pour qu’on passe un bon moment au bloc ;)!
A bientôt,
Vlad
🙂
Bravo pour ce bel article! je rédige une thèse concernant la musicothérapie peroperatoire en ce moment, et tu m’inspires Edvard 🙂
Merci pour tous ces articles. Si je peux te conseiller un podcast à écouter dans le style de la tête au carré c’est sur les épaules de darwin de JC Ameisen. La toute première émission est un chef d’oeuvre… Elle sont toutes téléchargeables en podcast
Cet article est très intéressant, moi qui cherchait à savoir si le fait d’écouter trop de musique était bon pour mon cerveau ( ayant la maladie de Parkinson )
Agnès Obel ..
A un moment tu parles d’une étude fait avec des œufs de poule a tu les sources détaillées de cette étude; cela m’intéresse merci d’avance 😀
Merci ❣
merci pour cet article.je suis aide soignante en reanimation et je voulais faire un travail sur l influance de la musique sur les patients en rea.votre article va me permettre de debuter mon projet
Votre article est hyper intéressant, complet et très bien réalisé ! J’ai pris un immense plaisir à lire et découvrir toute ces choses qui me permettront d’avancer d’avantage dans mon TFE !! Je vous en remercie mille fois Madame, Monsieur Edvard
Très intéressant, tout à fait d’accord. Je fais de la musique tous les jours en pédiatrie avec un instrument médiéval : une citole.
Superbe article .
Tout à fait dans la veine et l’esprit du Soin Relationnel, cet accompagnement relationnel humaniste par la tendresse, le chant et la musique. Voir sur YouTube mon documentaire sur ce sujet « ALZHEIMER LA VOIE DU COEUR ».
Woua merci pour votre belle synthèse! Je suis moi aussi médecin et depuis mes débuts hospitaliers la place de la musique dans ces lieux si inhospitaliers pour les patients m’a beaucoup questionné!
Je suis devenu, désirais l’être, mélomane, le jour ou je suis rentré dans le salon ou mon oncle aveugle écoutait de la musique dite « classique «. Je l’ai découvert « aux anges » dans un autre monde. Je ne sais pas si c’était le paradis mais certainement que ça lui ressemble.
A partir de là, j’ai loué des vinyles aux comités d’entreprises, enregistré des bandes magnétiques, puis des cassettes, des minidisques, gravé des CD … entre parenthèse merci à France Musique. J’ai persisté pendant 8 ans à me mettre au piano à 40 ans ; hélas « j’ai jeté l’éponge », je ne suis pas doué et surtout les yeux rivés sur la partition je n’entends pas ce que je joue.
Peu importe, aujourd’hui mes journées sont remplies de plaisirs musicaux, le plaisir de s’arrêter, de se poser, d’écouter. Ça prend du temps ; manger aussi prend du temps, mais l’Homme ne vit pas seulement de pain.
Par contre je ne supporte pas la musique que l’on m’impose, supermarché, salle d’attente, transport parfois …. Et surtout cette « acculture » pour reprendre l’expression de Véronique Cayla (Arte), qui nous envahie. J’ai nommé la musique anglo-saxonne. Presque toutes les radios, même une qui se dit avoir « l’esprit d’ouverture » nous inondent de ces musiques « sirupeuses » passées aux algorithmes pour des succès assurés. Ils me feraient haïr « ma » musique des années 60. Je me demande s’ils ont fréquenté des médiathèques ou sur les sites de streaming pour découvrir des musiques de notre Europe, ou d’autres continents. Sont-ils sourds ou aveugles ?
très intéressant.
cependant, il manque dans l’historique les apports des médecins arabe à Bagdad lorsque le monde arabo musulman était à la pointe des sciences médicales.