Top 10 des articles de Noël du British Medical Journal
Chaque année au mois de Décembre, le British Medical Journal publie une série d’articles loufoques, dont la méthodologie reste cependant rigoureusement scientifique. Voici les plus belles perles de cette série avec mon Top 10!!
Risque de lésions cérébrales et médullaires dans un concert de heavy métal: lien
Les auteurs ont voulu évaluer le risque de trauma cranien et de lésions cervicales associés à la pratique du « headbanging » dans les concerts de heavy métal. Pour ce faire ils ont conduit une étude observationnelle prospective, en assistant à plusieurs concerts de métal incluant des groupes comme: Ozzy Osborne, Motörhead, W.A.S.P, Skid Row etc… pour observer les différentes techniques de « headbanging » : il semblerait que la plus fréquente soit le « up and down » style. Ils ont ensuite élaboré un modèle mathématique incluant l’accélération et le déplacement angulaire de la tête durant la manoeuvre de « headbanging ». Puis ils ont demandé à 10 musiciens de sélectionner les meilleurs chansons pour faire du « headbanging » et de déterminer le tempo en tapant du pied.
Voici la courbe qui ressort du modèle mathématique : on voit ainsi que le risque de lésions cervicales augmente avec le tempo et avec l’amplitude du mouvement de tête.
Se pose alors la question de savoir s’il est possible de perdre connaissance en faisant du headbanging. Il faudrait soit se cogner la tête avec un autre « headbanger » ou assister à un concert de Led Zeppelin au premier rang, même si les limitations musculo-squelettiques rendent difficile d’avoir une amplitude de mouvement de tête et une vélocité plus importante.
Enfin ils ont analysé le headbanging des deux plus grands fan de métal au monde : Beavis & Butthead: sur la chanson « I wanna be sedated » Beavis a une amplitude de 45°, alors que Butthead a une amplitude de 75°. Ces amplitudes restent sous le seuil de lésions cervicales, heureusement pour eux.
En conclusion, cette étude permet d’expliquer pour quoi les fans de métal ont souvent l’air confus, perdus et désorienté pendant les concerts. Quelques moyens de prévention consistent en limitant l’amplitude du headbanging et en écoutant des chansons avec un tempo plus lent telles que les chansons de Céline Dion, Richard Claydermann ou Enya.
Case report: Tokelau sur la Planète Naboo: lien
Tinea imbricata est une infection fongique superficielle de l’homme: elle donne à la peau un aspect orné avec des cercles concentriques et des plaques polycycliques. Cette pathologie se rencontre dans les zones tropicales humides, particulièrement en Polynésie. Les auteurs rapportent pour la première fois un diagnostic de Tinea Imbricata dans la communauté Gungan de la planète Naboo. Malgré l’absence de biopsies de peau, l’aspect de la peau des Gungans est fortement évocatrice de Tinea Imbracata. Cette pathologie est due à un dermatophyte retrouvé dans la kératine. On peut donc supposer que la peau des Gungans est composée de kératine. Cette pathologie a peut être été transmise des Naboos aux Gungans. Il n’existe pour l’instant dans la littérature médicale, aucun case reports de transmission de pathologies humaines aux extra-terrestres. Ce case report est le premier témoignant de cette transmission inter-espèces, ainsi que le premier décrivant une dermatophytose extra-terrestre.
Case Report: E.T : lien
En 1982, un certain E.T a été retrouvé en Amérique du Nord. C’est le premier cas connu de rencontre physique avec un extra-terrestre. Les auteurs ont donc voulu décrire l’anatomie et la physiopathologie de notre ami E.T
Tout d’abord E.T est un bipède, comme nous autres humains, ce qui est étonnant compte tenu de sa provenance, prouvant la convergence d’évolution des formes de vie extra-terrestres. L’âge d’E.T n’est pas connu. Il est supposé de sexe masculin, même si ses organes génitaux n’ont jamais pu être identifiés. Il pèse 15,75 kg et mesure 1.35m, taille pouvant varier en fonction de l’allongement de son cou.
Ses membres supérieurs sont similaires aux notres, mais E.T ne possède que 3 doigts, contrairement à nous. On peut d’ailleurs observer que ses doigts sont allongés avec un aspect arrondi au niveau de la dernière phalange, suggérant un hippocratisme digital avancé et évoquant une probable pathologie cardiaque ou respiratoire chronique. Le bout de ses doigts peut s’illuminer ainsi que son thorax, permettant d’observer son anatomie cardiaque: il semble présenter une dextrocardie et un ventricule unique, limitant fortement son système cardiovasculaire à répondre à un stress hémodynamique.
Les membres inférieurs d’E.T sont très courts avec un aspect de lymphoedème. Il présente une démarche de trendelenbourg suggérant une faiblesse des muscles adducteurs et une marche très lente. Ceci peut expliquer pourquoi il n’est pas arrivé à retourner à son vaisseau spatial.
Le changement de ses habitudes nutritionnelles suite à son arrivée sur terre, basées sur du fast-food, a probablement engendré une malnutrition importante. Rapidement E.T a présenté des signes d’intoxication alcoolique (ataxie, désorientation et désinhibition) après la consommation d’une seule cannette de bière. Ceci permet d’émettre l’hypothèse qu’E.T présente un déficit en l’acétaldéhyde déshydrogénase.
Rapidement après son arrivée sur Terre, l’état de santé d’E.T s’est détériorié nécessitant son hospitalisation pour choc et hypoxémie, conduisant à un arrêt cardio-respiratoire par fibrillation ventriculaire. Malgré une RCP bien menée (excepté le rythme des compressions thoraciques trop lent à 60/min et le délai important de reprise des compressions après chaque choc) E.T est finalement décédé. L’hypothèse principale est une étiologie toxique suite à l’ingestion de nourriture humaine. On ne peut pas non plus écarter une embolie pulmonaire suite à son long voyage interstellaire ou une décompensation de sa pathologie cardiaque ou pulmonaire ou encore un syndrome coronarien aigu.
De manière remarquable, E.T est ressuscité dans la chambre froide et a commencé à chanter « Téléphone Maison » suggérant des lésions frontales par hypoxie cérébrale durant l’ACR. Sa récupération a été fulgurante permettant à E.T de rapidement pouvoir se balancer dans le panier à vélo d’Elliot et de faire de la télékinésie.
Pourquoi le nez de Rudolf est-il rouge?: lien
Dans cette étude observationnelle, les auteurs ont voulu comparer la microcirulation nasale des humains à celles des rennes, afin d’essayer d’expliquer pourquoi le nez de Rudolf, le renne préféré du Père Noël, est aussi rouge. Les auteurs ont ainsi pu analyser la microcirculation nasale de 5 volontaires sains humains et de 2 rennes norvégiens légèrement sédatés, avec un microscope vidéo portable. Les analyses ont été faite à température ambiante.
Les auteurs ont ainsi pu montrer que la microcirculation de la muqueuse nasale était 25% fois plus dense chez les rennes que chez les humains, pouvant ainsi expliquer l’aspect rouge de leur nez. Les auteurs ont également pu identifiés des glandes nasales permettant de maintenir l’homéostasie nasale face à des témpératures extrêmes.
La consommation d’alcool de James Bond: lien
Dans cette étude rétrospective de la littérature, les auteurs ont voulu évalué la consommation alcoolique de James Bond. Les auteurs ont lu les 14 livres narrant les aventures de Jambes Bond et on relevé sa consommation d’alcool en unité d’alcool. Ils ont pris en compte les jours ou James Bond ne pouvait pas consommer, notamment lorsqu’il était incarcéré.
Après exclusion des jours ou James Bond ne pouvait pas consommer, sa consommation hebdomadaire d’alcool était de 92 unités, soit plus de 4 fois le taux recommandé. Sa consommation journalière maximale était de 49,8 unités. Parmi es 87,5 jours ou il était capable de boire, James Bond n’a eu que 12,5 jours d’abstinence.
En conclusion, on peut dire que James Bond présente une dépendance à l’alcool sévère ne lui permettant pas d’effectuer ses missions avec le niveau de capacité physique et mentale ainsi que l’appétit sexuel habituellement décrits dans les livres et les films. Les auteurs recommandent que James Bond soit rapidement dirigé vers un addictologue et qu’il bénéficie d’une cure de désintoxication. On peut également supposer que sa préférence pour le vodka martini « frappé, pas à la cuillère » viendrait d’un flapping tremor, conséquence de son intoxication alcoolique.
La survie d’une boite de chocolat dans un service de médecine: lien
Dans cette étude observationnelle, multicentrique en aveugle, les auteurs ont voulu évaluer la consommation de chocolats par le personnel médical et paramédical. Deux boîtes de Quality Street ont été déposées dans chaque service, faisant un total de 8 boîtes et de 258 chocolats. Ces boîtes étaient constamment surveillées par un observateur caché.
191 des 258 chocolats (74%) ont été mangés. La médiane du temps d’observation était de 254 min. La survie médiane d’un chocolat était de 51 min (39-63). Le modèle de consommation de chocolats était non-linéaire avec une phase initiale rapide suivi d’une consommation plus lente. Le temps moyen d’ouverture d’une boîte de chocolat à partir du moment ou elle était posé dans le service était de 12 min (95%IC 0-24).
Les plus grands consommateurs étaient les aides-soignante(s) (28%) et les infirmier(e)s (28%). Les médecins ne représentaient que (15%).
Vaut-il mieux avoir toujours raison ou être heureux dans un couple?: lien
Dans cette étude interventionnelle, les auteurs ont voulu évaluer la qualité de vie des hommes en couple selon qu’ils préféraient avoir toujours raison ou qu’ils laissaient leur femme décider.
Dans cette étude randomisée contrôlée, 2 participants ont été inclus (homme et femme). La qualité de vie des participants était d’abord évaluée avec le score de Likert (0 à 10). La femme était randomisée dans le groupe « avoir raison » et l’homme dans le groupe « être heureux ». Puis on a demandé à l’homme de se plier à toutes les exigences de sa femme et d’être tout le temps d’accord avec elle, même s’il ne l’était pas en réalité. La femme n’était pas au courant de la randomisation et de l’intervention.
L’étude a été arrêtée précocément au bout de 12 jours, pour cause d’effets secondaires importants dans le groupe « être heureux ». Au bout de 12 jours, la communication au sein du couple s’était significativement détérioriée, l’homme trouvait que sa femme était de plus en plus critique. A J+12, le score de Likert de l’homme avait significativement chuté (de 7/10 avant le début de l’étude à 3/10 à J+12) alors que celui de la femme avait peu augmenté (de 8/10 à 8,5/10). La différence était significative entre les deux groupes (p=0,004).
Malgré les nombreuses limitations de cette étude, il semblerait qu’il faille mieux être heureux que d’avoir tout le temps raison!
Le débit urinaire dans une unité de réanimation: étude cas-contrôle.: lien
Dans cette étude cas-contrôle, les auteurs ont voulu comparer le débit urinaire des internes juniors d’une réanimation avec celui de leur patient.
18 internes juniors ont été inclus dans cette étude, avec 18 cas contrôles, qui étaient les patients supervisés par ces internes. Les critères d’exclusion étaient: grossesse, DFG < 15ml/mn et dialyse. Le critère de jugement principal était l’oligurie définit par un débit urinaire < 0,5ml/kg/h pendant 6h ou plus.
22% des internes étaient oliguriques ou « à risque » d’acute kidney injury. Les internes avaient un risque plus élevé d’être oligurique (OR 1,99) que leur patient. Cependant la mortalité parmi les internes juniors était étonnamment basse (0%).
Etude expérimentale testant la validité du mythe danois selon lequel il serait possible d’être ivre en submergeant ses pieds dans l’alcool.: lien
Dans cette étude expérimentale, les auteurs ont voulu tester la validité du mythe danois rapportant le fait que l’on puisse être ivre en submergeant ses pieds dans l’alcool.
Trois adultes, indemnes de pathologie cutanée, de dépendance à l’alcool et de pathologie hépatique ont été inclus dans l’étude.
Pendant 3h, les participants se sont tenus debout, pieds immergés, dans un bac contenant 2100ml de vodka. Toutes les 30min, l’éthanol plasmatique était mesuré.
Pendant les 3h ou les participants sont restés debout dans le bac à vodka, l’éthanolémie des participants est restée sous le seuil de détection (2 mmol/L).
En conclusion on peut dire que nos pieds sont étanches à l’alcool et que ce mythe danois, n’est donc qu’un mythe. Cependant les implications des résultats de cette étude sont probablement nombreuses.
Localisation de l’esprit de Noël dans le cerveau par IRM fonctionnelle.: lien
Dans cette étude, les auteurs ont voulu localiser la zone cérébrale et le circuit neuronal correspondant à l’esprit de Noël. 10 participants célébrant Noël et 10 participants n’ayant pas de traditions de Noël ont été inclus.
Une IRM fonctionnelle a été réalisée chez chacun des participants avec des stimulations visuelles évoquant l’esprit de Noël.
Des activations dans le cortex somesthésique, le cortex prémoteur, le cortex moteur primaire ainsi que dans les lobes pariétaux ont été détectées chez les participants célébrant Noël. Ces aires cérébrales sont associées à la spiritualité, la reconnaissance des émotions faciales et la somatotopie.
Il y a donc bien un circuit neuronal « de Noël » responsable de l’esprit de Noël. Des études futures doivent être réalisées afin de mieux comprendre ce circuit ainsi que d’autre circuits neuronaux « de vacances ».
JOYEUX NOEL A TOUS!!!!!!
Génial! merci beaucoup
Bonjour, un chroniqueur de l’émission matinale de France Culture s’est fait avoir en citant comme sür l’article sur l’esprit de Noël, je lui ai fait remarqué son erreur et il l’a honnêtement reconnu dans les commentaires (http://www.franceculture.fr/emission-la-revue-de-presse-de-nicolas-martin-l-esprit-de-noel-2015-12-22). Un de mes articles de Noël favoris est celui ci: Parachute use to prevent death and major trauma related to gravitational challenge: systematic review of randomised controlled trials (http://www.bmj.com/content/327/7429/1459).
Merci pour cette sélection.