L’hypnose, un phénomène naturel et spontané
La semaine dernière j’ai débuté ma formation à l’hypnose médicale. Je me suis inscrit à l’Institut Emergences, à la formation : Hypnose, douleur aigue et anesthésie.
J’ai découvert l’hypnose en anesthésie lors de mon 2e semestre d’anesthésie dans un CH périphérique. Un des anesthésistes se formait à l’hypnose et s’essayait lors des ALR ou des poses de sondes JJ. J’ai été impressionné lorsque j’ai vu un patient, qui avait une fracture de l’avant-bras, tenir son bras en l’air à 90° pendant 20 min sans bouger d ‘1mm, ce qui a permis de lui faire le bloc axillaire sans souci. J’ai aussi vu un IADE poser une perfusion à un gamin en lui faisant imaginer que c’était un moustique qui se posait sur sa main = au lieu de pleurer comme d’habitude, le gamin était en train de rigoler pendant qu’on lui posait la perf !! Ensuite j’ai pu voir et même « subir » l’état d’hypnose dans le contexte obstétrical : j’étais juste assis dans un coin de la chambre pendant que mon chef induisait un état d’hypnose chez la parturiente (le bruit du toco ressemble à un bruit de galop de cheval) et même si j’écoutais à moitié, je me suis senti « partir » et c’était vachement bien !! Ensuite cet anesthésiste à augmenter la difficulté, il fait maintenant des hypnoses pour des thyroïdectomies.
C’est alors que je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne ça !! Je me suis donc inscrit à l’Institut Emergences, qui dispensait initialement des cours uniquement à Rennes, maintenant aussi à Paris. Contrairement à un D.U, la formation Emergences est très pratiquo-pratique, au cours des séances on pratique les uns sur les autres. C’est important car l’hypnose s’apprend en pratiquant et non pas qu’avec des cours théoriques.
J’ai donc participé à ma première session de formation du 8-10 avril, j’ai donc voulu vous faire partager mes impressions et ce que j’ai appris !! Je débute donc une série d’article sur l’hypnose : concepts en hypnose, historique, preuves scientifiques, hypnose conversationnelle etc… Sans vouloir vous apprendre l’hypnose par internet ou vous pousser à vous inscrire à la formation, je veux vous montrer qu’en changeant quelques petites choses dans notre pratique quotidienne, on peut déjà améliorer énormément le confort et la satisfaction du patient.
L’hypnose « spectacle » directive
Quand on parle d’hypnose, la majorité des personnes pensent à ça :
Certaines personnes pensent que c’est du spectacle, d’autres y croient volontiers.
Ecoutez bien ce que Michel Cymes dit « c’est pas comme du sommeil » –> on verra ça plus loin
Ce qu’on voit dans cette vidéo s’appelle de l’hypnose directive : en fait 10-15% de la population générale est hautement hypnotisable, c’est à dire, hautement suggestible, alors que 10-15% est hautement résistante. En effet dans cette vidéo, Messmer « hypnotise » qu’une partie des personnes présentes…probablement celles qui sont le plus suggestibles. Dans ce genre de spectacle pour grand public, il existe des « assesseurs » qui trient le public pour screener les personnes hautement suggestibles. Celles qui le sont, peuvent alors aller sur scène pour servir de cobaye. L’hypnose est alors dite « directive » car l’hypnothérapeute donne des « ordres » et le patient n’a pas le choix.
L’hypnose « spectacle » même si dans certains cas elle est probablement jouée (par les acteurs connus par exemple) existe véritablement. Elle était notamment utilisée par des chirurgiens au début du 19e siècle pour effectuer des opérations, comme le chirurgien Jules Cloquet qui effectua une mastectomie sur une patient hypnotisée.
Plusieurs autres chirurgiens utilisèrent l’hypnose comme moyen analgésique, notamment pour les amputations sur les champs de bataille. Mais la critique principale qu’on lui fit est qu’elle était « peu reproductible », en effet elle ne marchait que sur une certaine portion de la population générale. Puis apparut l’anesthésie pharmacologique avec l’éther et le chloroforme, l’hypnose comme outil anesthésique fut donc oubliée pour un certain temps.
A noter que le Dr Alice Magaw, chirurgien à la Mayo Clinic, publia en en 1906 une étude sur 14380 interventions faite sous éther ou chloroforme : en y associant l’hypnose, elle observa une réduction de 80% des doses d’éther ou de chloroforme !!!
L’hypnose est un état d’hyperéveil!
La définition de l’hypnose du Larousse est : « état de conscience particulier entre la veille et le sommeil, provoquée par la suggestion »
Le mot « hypnose » vient de « hynoûm » qui signifie « sommeil » en grec. Cependant l’hypnose n’a rien à voir avec le sommeil. En effet les enregistrements EEG de l’état de sommeil et de l’état d’hypnose sont sensiblement différents.
L’état d’hypnose est un état d’hyperéveil, le cerveau est en pleine activité !!! Ceci a été observé en PET Scanner ou on voit plusieurs régions cérébrales s’activer.
Sous hypnose, on observe une activation du cortex cingulaire antérieur, structure qui est impliquée dans le contrôle de la douleur et de l’attention. On observe également une activation du cortex prémoteur. Ces processus d’activation induisent ainsi anxiolyse et analgésie. Par ailleurs on observe également une inhibition de certaines zones cérébrales comme le précunéus (perception de soi par rapport à l’environnement) et le cortex cingulaire postérieur (permet d’unifier les différentes composantes de la douleur : composante émotionnelle, sensorielle etc…). Cette inhibition induit donc une diminution de la conscience de soi, du monde extérieur et de la douleur.
On voit donc que l’état d’hypnose à des conséquences neuroanatomiques (on verra dans un autre article qu’elle a également des bénéfices cliniques prouvés)
L’hypnose médicale dite « permissive »
Comme je vous l’ai dit au début de l’article, l’hypnose qu’on connaît le plus est l’hypnose directive, l’hypnose de « spectacle » qui ne marche que sur la population hautement suggestible.
Elle fait opposition à l’hypnose dite « permissive », qui est le type d’hypnose qu’on utilise en médecine. Elle est l’héritage de l’hypnose dite « ericksonienne ». Milton Erickson (1902-1980) est un psychiatre américain, qui fût touché par la poliomyélite dans son adolescence et resta infirme toute sa vie. Un jour il entendit sa mère parler au médecin qui lui dit « votre fils ne verra pas le jour, il va mourir» et c’est à ce moment là que Milton Erickson se jura qu’il allait entendre le chant du coq. En effet Milton survécu jusqu’au petit matin et pendant de très longues années ensuite, malgré quelques rechutes de sa maladie. Il découvrit alors le pouvoir que le cerveau pouvait avoir sur le corps et développa l’hypnose ericksonienne.
Ce qui est intéressant c’est que Charcot (1825-1893), le père de la sémiologie, a essayé de corréler l’état d’hypnose à une maladie. En effet, son « dada » c’était de lier chaque symptôme à une maladie. Or les « hystériques » de la Salpêtrière étaient hautement hypnotisables, cependant Charcot ne pu faire le lien entre hypnose et maladie/symptôme. Pour Charcot, l’hypnose était une forme d’hystérie artificielle avec une étiologie organique et nerveuse.
A l’opposé pour Bernheim (1840-1919), l’hypnose était un état psychophysiologique naturel caractérisé par une hypersuggestibilité. Par ailleurs Sigmund Freud (1856-1939) s’intéressa aussi à l’hypnose et fut l’élève successif de Charcot puis de Bernheim. On retrouve ainsi quelques éléments de l’hypnose en psychanalyse.
Ainsi, le concept moderne actuel de « l’hypnose permissive » est que l’état d’hypnose est un phénomène naturel et que tout le monde est suggestible/hypnotisable.
Alors comment ca se fait qu’on est tous hypnotisable ? L’état d’hypnose est un état de dissociation : votre corps est à un endroit donné, mais votre esprit est ailleurs, vous êtes « dans la lune ».
Ce que vous avez vu dans cette vidéo est ce qu’on appelle un « état de transe spontanée ». Cet extrait du film Psychose d’Alfred Hitcock montre Marion qui « s’évade » après avoir volé le paquet d’argent du client de son directeur. Elle conduit sa voiture, mais elle est en même temps en train de se remémorer et de s’imaginer les conversations/les soupçons qu’il peut y avoir sur elle. Son esprit est ailleurs… C’est comme lorsque vous lisez un bon livre et que votre esprit divague ou lorsque vous êtes dans le métro/train/voiture ou dans une conférence vraiment chiante et que vous vous mettez à pensez à vos problèmes/à ce que vous allez voir comme film ce soir etc….c’est un état de transe : vous êtes ici (votre corps est dans la voiture/le train/la salle de conférence, mais votre esprit est ailleurs.
Le travail du médecin hypnothérapeute va être de faciliter cet état. L’hypnose est donc dite « permissive » car ce n’est pas l’hypnothérapeute qui induit lui-même l’état d’hypnose, mais c’est le patient lui-même qui rentre en état d’hypnose, facilité par les suggestions de l’hypnothérapeute.
Alors comment arrive-t’on à faciliter cet état d’hypnose ? La réponse se trouvera dans un article futur mais l’idée est de focaliser toute l’attention du patient sur un seul élément.
Pourquoi me direz-vous ?
Je vous invite donc à faire l’expérience suivante (pour ceux qui ne la connaissent pas) : dans la vidéo suivante, il va y avoir des personnes en T-shirt blanc et d’autres en T-shirt noir. L’équipe noire se fait des passes de basket et l’équipe blanche se fait aussi des passes de baskets. Votre boulot va être de compter exactement le nombre de passes que se fait l’équipe en T-shirt blanc !! Prêt ??
Alors combien de passes ? 10 ?12 ?13 ?15 ? Avez-vous été gêné pendant que vous comptiez les passes ? …….avez- vous remarqué quelque chose de particulier ?…….
Ah bah oui, il y a un gorille qui passe en plein milieu !!! Mais si vous avez correctement fait l’expérience avec votre attention focalisée sur la balle de basket, vous ne l’avez pas vu !!!
Aller on s’en fait un autre:
Avez-vous remarqué quelque chose? …..
La couleur des pulls changent ainsi que la couleur de la toile de fond!!! Vous ne l’avez pas remarqué car votre attention était focalisée sur les cartes!
Comment est-ce possible ? Votre esprit « conscient » n’est pas capable d’enregistrer toutes les informations que vos yeux perçoivent, il est obligé de les sélectionner . C’est pourquoi quand vous fixez un objet avec attention (allez-y faites le, prenez un objet et fixez le…) vous voyez cet objet distinctement, par contre tout ce qui se trouve autour semble flou. Pareil lorsque vous êtes dans une soirée : vous parlez à quelqu’un et vous focalisez toute votre attention sur ce que votre interlocuteur dit….mais percevez vous aussi ce que les personnes autour de vous disent ? Comprenez-vous les mots qu’elles disent ? ….non, car votre esprit ne peut que en faire autant, il ne peut pas tout faire à la fois. Et ceci vaut pour les autres sens (gustatifs olfactif, kinesthésique). Comment pensez-vous que les fakirs arrivent à marcher sur des aiguilles ou sur du feu, que les moines Shaolin arrivent à se fracasser des battes de baseball sur le corps ??? Ils ne prennent pas de drogues et ne sont pas plus fous que les autres….c’est juste qu’ils arrivent à recruter leurs ressources intérieures et à tellement focaliser leur attention sur un seul point/élément (pour ceux qui font du kung-fu…c’est l’index !!!) qu’ils oublient le reste et sont insensibles à la douleur !
En hypnose c’est pareil, l’idée est de tellement faire focaliser l’attention du patient sur ce que vous lui suggérez (en l’occurrence un souvenir agréable), que le reste va lui sembler flou ou inexistant. L’hypnose est donc un état de dissociation/confusion. On verra plus tard comment il est possible d’arriver à distraire l’attention du patient dans ce sens.
C’est pour ça que je vous dis, que c’est le patient lui-même qui s’induit en hypnose, alors que l’hypnothérapeute n’est que la pour l’aider et lui suggérer cet état de transe.
Conclusion
C’était donc mon premier article sur l’hypnose médicale. J’espère que j’ai pu vous démystifier un peu ce concept, que nous, en tant que professionnel de santé rationnels et cartésiens, on a un peu de mal à appréhender. L’état d’hypnose est un état naturel dans lequel on se retrouve tous les jours. L’idée est de dissocier le patient, son corps physique est à un endroit particulier, mais son esprit est ailleurs. On peut ainsi dissocier la douleur physique de l’esprit du patient et ainsi « inhiber la douleur ». Pour preuve l’imagerie cérébrale à prouvée que l’état d’hypnose était un état d’hyperéveil (et non de sommeil) et qu’il activait/inhibait certaines zones impliquées dans la douleur et la conscience de soi/de l’environnement.
J’espère que ce premier article vous a plu et vous a donné envie d’en savoir plus sur l’hypnose. Personnellement j’ai été extrêmement séduit par cette nouvelle approche thérapeutique : elle apporte une dimension humaine et « vraie » à l’interaction médecin-patient qui est souvent très technique et détachée, surtout pour nous anesthésistes. Elle fait appel à notre humanité et à notre sensorialité et rompt totalement avec toute la dimension technique et détachée qu’on peut avoir dans le domaine de la chirurgie et de l’anesthésie-réanimation.
Je continuerai cette série d’article sur l’hypnose en vous parlant de l’historique de l’hypnose, des preuves scientifiques de l’efficacité de l’hypnose et des techniques qu’on peut intégrer dans notre pratique quotidienne, pour améliorer notre relation avec les patients, sans forcément faire de l’hypnose médicale à proprement parler.
En attendant un petit aperçu de l’hypnose en anesthésie
Coucou!
Merci pour ton article sur l’hypnose! j’aimerais faire AR et l’hypnose c’est vraiment un truc qui me botte a mort!! Des petites questions techniques:
– C’est un DU ouvert des la première année d’AR? il faut être inscrit a paris obligatoirement ou alors on peut se déplacer dans l’année sur les lieux de DU?
– L’hypnose directive, dans le DU on l’apprend? Quelles sont selon toi les limites de l’hypnose directive? on peut demander a quelqu’un de faire des choses contraire a sa morale ou a sa volonté?
– C’est vrai l’histoire du claquement de doigt/du mot clef pour retomber instantanément en état de transe ou pas?
Merci pour les réponses!
PS : on a toujours pas la réponse du cas du reveillon 😉
Salut!
1) Pour l’hypnose il existe des D.U. (je ne connais pas les modalités), mais moi ce que je fais c’est la formation Emergences, qui est une formation qualifiante qui a lieu 1x/an à Paris ou à Rennes. L’avantage de cette formation par rapport au D.U. est le nombre d’heures d’enseignement et le recours à des exercices pratiques qu’on fait entre participants à la formation à chaque fois qu’on nous présente une nouvelle technique. Globalement, j’ai l’impression que les gens qui se forment à l’hypnose, le font principalement au travers de cette formation et moins au travers des D.U.
2) L’hypnose directive n’est pas franchement utilisée en hypnose médicale. Comme je l’ai dit, seul 10-15% de la population est hautement suggestible et serait réceptive à ce genre d’hypnose. En plus l’hypnose directive va un peu à l’encontre de l’éthique médicale, on ne veut pas imposer une hypnose au patient, on préfère lui donner des éléments/des outils qu’il va prendre ou ne pas prendre et s’induire lui-même en état d’hypnose. Notre rôle d’hypnothérapeute est un rôle de facilitateur. En effet, comme je l’ai dit, la transe hypnotique est un phénomène naturel (qui n’est jamais parti en « transe » en écoutant de la musique, en regardant un paysage magnifique ou une belle peinture???)
L’autre chose c’est que malgré ce concept d’hypnose directive, il y a toujours une petite part de la conscience qui évitera à la personne hypnotisée de faire n’importe quoi : on n’est jamais totalement en transe hypnotique, ni totalement en conscience « critique » = conscience réelle ici et maintenant. Par exemple, Messmer dans un de ses spectacles à essayer de faire fermer la mâchoire au présentateur de TV, sauf que ça n’a pas fonctionné car la conscience du présentateur lui disait : il faut que tu gardes la parole pour continuer à présenter l’émission. On ne peut donc pas faire faire n’importe quoi aux personnes. Les personnes qui sont hypnotisées de cette manière adhèrent déjà à la technique ce qui favorise l’hypnose.
Il y a cependant 1 technique qui est un peu directive qu’on nous a montré = la technique de spiegel ou on « dirige » la respiration et la focalisation du patient avec son index…ils nous l’ont montré , c’était filmé dans un bloc sur une patiente devant subir une coloscopie qui était super anxieuse…ca fonctionne, après quelques minutes d’induction de transe hypnotique, l’hypnothérapeute est parti en laissant la caméra tourner: la patient restait calme et en état d’hypnose
3) L’histoire du claquement de doigt etc… je sais pas. C’est probablement vrai, mais encore une fois ça ne marche que sur les personnes hautement suggestibles qui adhèrent à cette technique et ont déjà été hypnotisées avant pour vérifier que ça marche. Bref ça marche pas pour tout le monde, uniquement dans une petite partie de la population et sous certaines conditions
Merci pour la réponse! Je me renseignerais l’année prochaine.
Ca pourrais tout de même être hyper pratique si pour 10% des patients, il suffisant de claquer des doigts pour les endormir après une première séance d’hypnose directive et de reclaquer des doigts pour les reveiller…. Après consentement évidemment! Sauf si c’est une jolie nana, et que l’on se trouve dans un bar…. XD
Oui ça serait pratique, ça sera l’anesthésie on/off (comme les ampoules ou en claquant des mains elles s’allument ou s’éteignent) !! Mais encore une fois, les personnes chez qui ça marche 1) hautement suggestible ce qui nécessite de les screener avant et 2) elles ont déjà été hypnotisées avant donc elles adhèrent totalement à la technique
Au bloc opératoire, les patients sont anxieux, stressés, ils ont froids , ils sont dans une « transe négative » = vision négative en mode cercle vicieux (je vais avoir mal, j’ai peur, mon mari va me quitter, mon boulot c’est de la merde ….)
Je suis pas sur que chez eux, une hypnose directive fonctionnerai bien. D’autant plus que certains patient te disent qu’ils veulent bien l’hypnose à la consulte d’anesth, par contre quand ils arrivent au bloc, ils ne la veulent plus = trop de stress, perte de la motivation et de l’adhésion à la technique –> donc soit on essaie de les remotiver, soit c’est AG!
super, merci beaucoup pour cet article, j’ai hâte de voir les autres!
j’étais à la session sfar jeunes sur l’hypnose l’an dernier, et c’était très intéressant… Mais malheureusement je ne l’ai jamais vue utilisée en pratique…
c’était probabement les mêmes formateurs d’Emergences qui étaient présents pour la session star jeunes. Ce que j’ai écrit dans l’article doit donc t’être familier!!
C’est intéressant, et sûrement une autre méthode d’avenir ( zéro invasivité, épargne potentielle de nombreux agents anesthésiques dont diminution de la iatrogénie et ses nombreux risques ). Je l’ai surtout vu utilisée avec succès sur les enfants, et j’essaie d’inclure à ma pratique des conseils de pseudo-hypnose conversationnelle ( plutôt des » trucs et astuce » que de l’hypnose véritable ) que m’ont donné des collègues plus habitués de la chose, quand je m’occupe d’un enfant.
En tout cas j’en entends de plus en plus parler ces dernières années, et dans plusieurs spécialités différentes, j’ai l’impression que ça devient à la mode chez les jeunes médecins. Tu nous diras l’évolution de ta pratique avec / sans hypnose !
Oui, ce qui est magique c’est que l’état hypnotique est un phénomène on/off = une fois qu’on a réassocié les patients, ils reviennent en état de conscience critique et récupère toutes leurs capacités cérébrales et physiques. Une étude a d’ailleurs montré qu’en SSPI, même si le score d’Aldrete était compatible avec une sortie de la SSPI, certains patients n’étaient même pas capables de faire une addition simple = effet prolongé des benzodiazépines. Donc on fait sortir ces patients en ambulatoire, alors qu’ils n’arrivent même pas à faire un calcul simple. Avec l’hypnose, il n’y a pas d’effet prolongé. Pour les patients hospitalisés il est possible de les laisser en transe hypnotique en SSPI jusqu’à ce qu’ils remontent dans leur chambre d’hospit et d’aller les réassocier après en prenant le temps = permet de garder le bénéfice de l’état d’hypnose sur la douleur etc….
Sur les enfants ça marche du tonnerre, ils sont en général très réceptifs (surtout si on fait du mirroring, pacing etc….)
Comme tu dis la « pseudo-hypnose conversationnelle » c’est ce qui est le plus intéressant. Un des formateurs nous disait que 80% de sa pratique d’hypnothérapeute ne consiste qu’en l’utilisation de technique d’hypnose conversationnelle ( douleur aigue, réduction de l’anxiété pour l’ALR, avant une AG etc…) et que l’hypnose « pure » pour un geste chirurgical ne représente que 20% de sa pratique, et dans ce cas ce sont les patients qui lui font la demande et non lui qui l’impose.
Les techniques d’hypnose conversationnelle peuvent être integrées dans toutes les spécialités médicales et paramédicales, c’est juste une façon différente de parler aux gens et de se comporter : les patients veulent juste être écoutés et avoir de l’attention, c’est ce qui les soulage le plus. Nous, en tant que médecin-technicien, nous sommes trop dans nos check-lists, scores de prédiction, rationalisation, nous manquons cruellement de sensorialité (après ça dépend de chacun et aussi de l’état de fatigue physique et morale de chaque praticien).
Mais rien qu’en changeant un petit peu notre attitude envers les patients on peut en effet améliorer grandement leur confort et leur satisfaction, ainsi que d’éviter des situations « tendues » et de gagner du temps!
Moi je vais déjà commencer par changer mon discours et ma manière de parler au moment de la préoxygénation (= voix hypnotique sur le temps expiratoire en surveillant la capno), j’expliquerai ça dans un article futur!
C’est marrant j’ai envoyé ma lettre de motivation pour le DU cette semaine 🙂
Salut,
merci pour ton article…
je suis interne en AR et je me suis « mis » à l’hypnose/communication thérapeutique en tant qu’autodidacte après avoir travaillé avec plusieurs collègues qui pratiquaient eux même l’hypnose (IADE et MAR).
La prochaine étape est de m’inscrire à la formation Emergences, mais par-contre je trouve le prix de la formation assez exorbitant….comment as tu financé ta formation ?
Merci